Newsletter du 2021-09-30

 
  Bonjour à tous

Maintenant que le droit de se marier est enfin accordé à tous, voyons voir le pendant végétal de ce problème. Quelles sont les mœurs et coutumes de nos légumes sur le plan des relation de couple ?

Les lois de la nature permettent aux représentants d'une même espèce de se reproduire entre eux (en l'occurrence c'est ce qui définit la notion d'espèce). Ainsi les courgettes appartiennent p.ex à l'espèce « Cucurbita maxima », ceci vaut pour les courgettes vertes, jaunes, blanches.. et diverses courges, on en dénombre plus de mille, aussi (mais pas toutes - on y reviendra une autre fois)

A l'intérieur d'une même espèce les végétaux ne connaissent pas le racisme : ce qui fleurit en même temps et est à portée d'abeille, de vent ou de tout autre vecteur de la pollinisation pourra se croiser avec n'importe quel autre individu de la même espèce donc une courgette jaune avec une courgette verte ou même un potimarron. Ces croisements peuvent se reproduire entre eux, etc.. Si on les laissait faire indéfiniment, les différentes caractéristiques finiront pas s'estomper à force de se mélanger pour ne donner qu'un seul phénotype par espèce (et c'est exactement ce qu'on observe au niveau des plantes sauvages qui n'affichent que rarement des variations intra-espèce significatives).

Les variétés qu'on appelle aussi cultivars sont donc étroitement liés à l'activité humaine qui les oriente par sélection, croisements choisis.. et depuis peu aussi par génie génétique. La sauvegarde des variétés passe donc par des formes de culture qui empêchent les croisement non voulus.

Obtenir des graines "pures" est assez simple chez les légumes autofertiles. Dans ce cas le pollen d'une fleur de la plante peut polliniser une autre fleur de la même plante. Ceci est souvent assuré par le vent ou toutes sortes de vibrations. C'est p.ex. le cas des tomates ou des poivrons . Il suffit en effet de recueillir les graines d'un fruit mur et les re-semer.
On retiendra donc que les légumes ne sont pas seulement ouverts d'esprit mais que consanguinité et relations incestueuses ne sont pas des tabous non plus...

D'autres espèces, dites à pollinisation croisée, ont besoin d'aide extérieurs (généralement une abeille ou un autre insecte) pour transporter le pollen d'une plante vers une autre. C'est p.ex le cas des courge, courgettes, concombre et autres cucurbitacées.

D'un point de vue pratique, il est donc simple de récolter des graines des variétés autofertiles car il suffit d'avoir quelques plants de la même variété côté à côte pour que les croisements soient peu probables... et même pour vous : si vous faites du jardin, qu'on vous a offert une excellente tomate, vous pouvez en conserver les graines pour les semer au printemps et aurez toutes les chances d'avoir des tomates identiques.

Pour les espèces à pollinisation croisée, il faut respecter de grandes distances entre deux variétés ou alors les délimiter physiquement de manière à éviter la circulation des insectes pollinisateurs. Vu que nous cultivons 10 à 12 variétés de courges différentes côte à côte, si nous récoltions les graines de nos courges, nous aurions l'année suivante des croisements fort divers (ce qui ne veut pas dire mauvais, mais on aime quand même bien savoir à l'avance ce qui va pousser).

Dès lors, obtenir de la semence ne consiste la plupart du temps pas juste à ramasser des graines, mais demande un savoir faire particulier et des méthodes de cultures spécifiques. Le maraîchage étant une activité déjà fort prenante durant la saison, nous sommes donc bien contents de pouvoir compter sur des semenciers qui, eux se chargent de sélectionner les meilleures variétés et produire des graines homogènes et de qualité.

... et puis il y a les variétés F1, mais finalement le sujet est vaste et nous en reparlerons dans un autre mail.