Newsletter du 2022-03-17

 
  Bonjour à tous

La tendance reste au réchauffement.. »normal«  et bienvenu pour la saison. Les premiers woofers ont annoncé leur venue.. habituellement, nous n'en accueillons pas avant mi ou fin avril, mais vu que le local du bas est vidé de ses courges, why not.

Il me semble que cela fait un petit moment que nous ne nous sommes pas vraiment attardés sur ce sujet... ( mes excuses aux anciens abonnés avec une excellente mémoire pour l'éventuelle redondance de ce qui va suivre)
Que, resp qui, sont les wwoofeurs ? WWOOF est l'abréviation de WorldWide Opportunities on Organic Farms. Il s'agit d'une organisation crée au début des années 70 et ayant atteint peu à peu une envergure quasi mondiale. L'objectif est de mettre en relation des fermes bio avec des voyageurs de tous horizons et nationalités sur un principe très simple : les premiers offrent le gîte et le couvert, les deuxièmes mettent à disposition leur force de travail quelques heures par jour. Le tout sans échange financier. Bien évidemment le world wide web a largement contribué à populariser ce système d'échange.
Si on considère que l'essence du voyage n'est pas forcément le nombre de km parcourus, mais avant tout un état d'esprit, de nouvelles rencontres, de nouvelles expériences cette forme d'échange nous offre une opportunité de voyager sans bouger de chez nous... tout en bénéficiant d'un peu d'aide dans les travaux autour de la ferme.
Quand aux wwoofeurs eux-même, certains viennent de loin, d'autres pas, certains cherchent juste un hébergement gratuit, d'autres une expérience agricole ou un échange linguistique. D'autres encore sont dans une quête plus spirituelle, une recherche de soi à travers la rencontre d'autrui, d'un autre quotidien avec un nouvel angle de vision.

Bien évidemment tout cela parait idéal... Parfois ça l'est vraiment. Mais il faut avouer que jusqu'ici nous sommes un peu dans la présentation marketing du wwoof car dans la vraie vie, il y a quelques variables humaines qui rendent le tableau pas toujours siii rose. En réalité (et c'est ici que nous vivons) à trop compter sur une grande aide on risquerait d'être souvent déçus. Il n'y a guère que le service de l'emploi qui croit sérieusement que le wwoofing représente une menace pour le marché du travail ... (c.f.https://www.clos-du-moulin.ch/affiche_mail.php?mail_news_id=147)

Pour commencer, la fiabilité est une notion fort relative pour le voyageur qui est dans son trip. Vivre pleinement son aventure signifie rester ouvert au monde, aux opportunités et aux imprévus ce qui est en opposition avec une organisation rigide et un planning sur du long terme. Dès lors, celui-ci peut changer en tout temps ... ce qui est fréquent et peu compatible avec notre organisation qui ne suit pas les même règles. Certains ne jugent même pas utile d'avertir quand ils ne viennent pas (ce qui fait qu'on avait bloqué l'hébergement, refusé d'autres demandes pour finalement se retrouver bredouilles. Quand on joue de malchance, cela peut arriver plusieurs fois de suite...). Certains arrivent.. mais n'avaient pas vraiment réalisé que cela n'allait pas être un séjour en hôtel 4 étoiles avec room service, ni un stage de développement personnel. Les citadins ne sont pas toujours habitués au bruits de la forêt avoisinante (mais non.. « campagne » n'est pas synonyme de silence nocturne) et qui est habitué aux sérénades de fêtards ivres peut être déstabilisé par celles des chouettes, rapaces, combats de fouines.
Le deal « travail contre logement » ne devrait bien sûr pas dépendre de la météo...mais le fait reste que quand il pleut trop en Suisse, le voyageur n'est qu'à 1h30 h en avion de l'Espagne où il y a d'autres offres au soleil.

Enfin la ferme bio continue à véhiculer une certaine image idéalisée à mi-chemin entre des cartes postales d'une autre époque ou « la petite maison dans la prairie », le décalage entre cette vision et la réalité peut engendrer des déceptions, tout comme pour ceux croient que le quotidien sur une ferme bio consiste à planter des graines avec amour et à les regarder pousser en communiant avec la nature (traduisez par fumant des joints).

Il y a ceux (hélas trop nombreux) qui ne sont en décalage avec le mode de vie et les valeurs de notre monde "moderne", se noient dans une société qui ne semble pas avoir de perche à leur tendre... mais pas toujours simple de leur accorder l'attention ou l'aide dont ils auraient besoin, d'autant plus qu'il nous manque aussi une partie mode d'emploi pour notre civilisation.

Donc pour en revenir au parallèle entre le voyage et l’accueil de wwoofeurs, les deux activités demandent quelques notions d'une ou deux langues étrangères, une certaine dose de philosophie, de psychologie, ainsi que cette capacité propre à l'humain à transformer après-coup les pires situations en meilleurs souvenirs. Mais cela ne veut nullement dire que le bons souvenirs deviennent mauvais, ni qu'ils soient effacés : nous avons rencontré des gens extraordinaires et plus d'un a changé l'une ou l'autre de nos habitudes.

Après un hiver sans, on se demande donc qui logera dans la « pièce du bas » en 2022 ?

Pour en revenir aux paniers : derniers pak choi - encore une fois pour tous, mizuna et moutarde sont dans leur dernière ligne droite.. l'assortiment devrait bientôt entamer sa mue printanière qui laisse une grande place aux légumes feuilles.