Newsletter du 2024-04-04

 
  Bonjour à tous

Une nouvelle page du calendrier se tourne, de nouvelles commandes de semences et jeunes plants de salades, brocolis, etc.. ne vont pas tarder à arriver et se contenteront pour l’instant de rejoindre le stock grandissant de ce qui devrait être planté (depuis un moins pour certains). Nous attendons effectivement depuis bien deux mois un moment où le sol serait suffisamment sec pour pouvoir le préparer à accueillir ces cultures en devenir. En fin de semaine dernière, on y était presque… mais depuis lundi la pluie est à nouveau de la partie et toute tentative de travail du sol aboutirait juste à en détruire la structure.

Nous parlons souvent des légumes, mais en fait rarement du sol. Certes, s’il s’invite dans les paniers, il n’y sera pas bienvenu.. et pourtant sans lui, rien ne se ferait. On peut certes apporter des engrais, gérer la présence de mycelium (champignons), bactéries, insectes ou mauvaises herbes via des engrais, fongicides, herbicides et autres pesticides… il reste deux facteur très importants : l’eau et l’air… et ici même l’agriculture intensive n’a pas de solution en dehors d’un minium d’attention à la préservation de la structure des sols agricoles. (un sujet moins sur le devant de la scène que le CO2 ou la perte de biodiversité.. mais pas moins crucial, et au bilan intermédiaire guère plus réjouissant – ceci vaut autant en bio qu’en conventionnel)

Hormis le riz, très peu de cultures peuvent croître dans l’eau stagnante mais sans eau, rien ne va plus, non plus. L’idéal est donc un sol qui parvient à réguler l’humidité et retenir l’eau, sans pour autant former des poches. Du sable ou du gravier pur p.ex sont totalement incapables de retenir l’eau. Si notre sol était constitué de sable, nous aurions eu suffisamment de fenêtres météo ces dernières semaines pour le travailler.. par contre un mois de sécheresse serait équivalent à une sorte d’apocalypse au niveau des cultures.
A l’opposé du sable, vous avez l’argile. La structure fine en feuillets de l’argile est capable de stocker beaucoup d’eau.. et pourtant un sol 100 % argileux ne serait pas plus productif car ces sols gonflent au point de ne même plus laisser d’espace pour l’air, entraînant l’asphyxie des plantes qui y poussent. Une fois desséchés ils deviennent durs comme de la roche et forment ces fameux «polygones de dessication» (les images de sols fissurés et improductifs qu’on a tendance à assimiler à l’Afrique et aux famines)

Mais comme dit plus haut, le sol n’est pas (ne devrait pas être) juste un support minéral. Un bon sol possède aussi de l’humus qui est (en résumé) de la matière organique (d’anciennes plantes) décomposées. On parle de complexes argilo-humiques lorsque l’argile et l’humus se lient.. et un sol riche en complexes argilo-humiques offre un environnement idéal pour les racines mais aussi des micro- et macro-organismes dont certains peuvent nuire aux cultures, mais dont beaucoup sont en fait positifs pour le développement des plantes. C’est grâce aux complexes argilo-humiques que le sol peut avoir une structure grumeleuse juste comme il faut.

On parle de sols «lourds» lorsqu’ils très argileux et de sol «légers» lorsqu’ils sont très sablonneux (bien qu’un kg de sol léger pèsera exactement la même chose qu’un kg de sol lourd..)
Au delà on utilise aussi la dénomination «riche» ou «pauvre» (maigre) pour désigner le taux de nutriments / matière organique contenu dans le sol.
Si vous observez les sols de la région de la plaine de l’Orbe ou du «Seeland», vous constaterez qu’ils sont presque noirs, cette couleur étant due au fait qu’il s’agissait de zones marécageuses où la matière organique s’est accumulées durant des centaines ou milliers d’années.
Pour la petite histoire, le terme de maraîcher provient effectivement du fait qu’on s’était aperçu que des sols d’anciens marécages convenaient parfaitement à la culture de légumes.. le marai(s)cher était donc celui qui cultivait les marais (qu’on drainait pour les rendre cultivables… jusqu’à faire disparaître la quasi totalité des marais)

Dans notre cas de figure, nous avons un sol «mi-lourd», relativement riche en matière organique. C’est un sol polyvalent qui peut convenir à une grande palette de cultures. Son principal défaut est actuellement aussi son principal défaut : il retient bien l’eau. C’est fort appréciable en période de sécheresse, mais là, maintenant, tout de suite, cela empêche d’avancer.
Tout essai de travail du sol n’aboutirait qu’à le pétrir et risquerait de détruire sa structure, soit touts les petits interstices qui laissent passer l’air qui est un élément aussi vital aux racines que l’eau. Bref, la patience reste de mise, je suppose que d’ici 2 mois, nous, éternels insatisfait que nous sommes, regretterons la période où il pleuvait une fois par semaine au moins…

En attendant, les légumes récoltés ces jours ont été plantés il y a bien longtemps et leur voyage s’achèvera dans le cabas qui devrait vous parvenir demain.